Des erreurs glissent parfois là où on ne les attendait pas. Confondre « quel » et « qu’elle », par exemple, n’a rien d’exceptionnel. Beaucoup s’y sont laissés prendre, et il serait trompeur de croire que seuls les débutants s’y méprennent. Ces deux termes partagent la même prononciation, mais leur écriture diffère, tout comme leur fonction dans la phrase. Pour y voir plus clair et éviter les pièges, prenons le temps de démêler la question.
Quel : nature grammaticale et usage
Le mot « quel » appartient à la famille des adjectifs interrogatifs ou exclamatifs. Il intervient pour poser une question ou appuyer une exclamation lorsque le nom qui suit est masculin. Par exemple : Quel est ton film préféré ? Ici, « quel » qualifie « film ». Autre cas : Quel élève !, l’expression souligne une qualité ou une surprise concernant l’élève en question.
Lorsque l’on s’adresse à un nom féminin, « quel » devient « quelle ». Au pluriel, il s’accorde et s’écrit « quels » ou « quelles » selon le genre. Ce n’est pas qu’une affaire de terminaison, c’est la grammaire qui parle.
On retrouve aussi « quel » dans l’expression « quel que », utilisée, notamment, avec le verbe « être ». Cette tournure, toujours en deux mots séparés, s’accompagne du subjonctif lorsqu’elle marque une opposition. L’accord se fait avec le sujet auquel elle se rapporte. On peut alors croiser : « quelle que », « quels que », « quelles que ».
Voici un exemple tiré des paroles attribuées à Bouddha : Quel que soit le nombre de saintes paroles que vous lisez, que vous prononcez, quel bien vous feront-elles si vos actes ne s’y conforment pas ?
Qu’elle : nature grammaticale et usage
« Qu’elle » résulte de la rencontre entre « que » (pronom relatif) et « elle » (pronom personnel sujet). Il s’agit donc d’une structure formée de deux pronoms, utilisée pour introduire une proposition complémentaire, là où « elle » devient le sujet du verbe suivant. À la place de « elle », on emploie « qu’il » pour le masculin, et au pluriel, la forme s’accorde : « qu’elles », « qu’ils ».
Le pronom « elle » remplace un nom déjà cité pour éviter la répétition. Exemple simple et parlant : Jacqueline m’informe qu’elle n’est pas disponible ce soir. Ici, « elle » désigne Jacqueline, ce qui allège la phrase tout en restant clair.
Pour illustrer l’utilisation de « qu’elle », deux citations viennent éclairer la règle. Picasso, figure incontournable de la peinture, disait : L’inspiration existe, mais il faut qu’elle vous trouve au travail.
Autre exemple, extrait des Pensées d’une solitaire de Louise Ackermann : Dans la société, la femme n’existe qu’en vue et au profit de l’homme. Sans elle, ce dernier n’aurait ni famille ni foyer. Qu’elle se renferme donc dans les devoirs de sa destinée ; elle y trouvera les seuls bonheurs possibles pour elle, et surtout toutes les dignités.
Pour résumer, « quel » intervient pour interroger ou s’exclamer, tandis que « qu’elle » relie deux propositions et associe deux pronoms. En cas de doute persistant, rien n’interdit de consulter un manuel de conjugaison. Les ressources en ligne, elles aussi, offrent une aide précieuse pour trancher rapidement.
Au bout du compte, distinguer « quel » de « qu’elle », c’est un peu comme apprendre à reconnaître deux voix différentes derrière un même timbre. Une fois la mécanique comprise, l’hésitation cède la place à la certitude. La prochaine fois que la confusion guette, vous saurez choisir la bonne forme, et vos textes gagneront en justesse.

